- Nad & Pete Emmbrasil
- Bienvenue sur notre "site souvenir" de Rio de Janeiro, que nous avons eu la chance de découvrir pendant mes 4 mois de stage de fin de DESS, de mai à août 2003.
Ci-dessous quelques e-mails rédigés à l'époque et envoyés à mes amis et famille pendant notre séjour.
Bonne lecture !
Les bus (onibus en portugais) |
Ça fait un bout de temps que je pense à écrire un mail à propos des bus cariocas, et comme ça fait aussi un bail que je n'ai pas apporté ma contribution à la légende brésilienne, voici. J'ai pris mon premier bus carioca à peu près 3 semaines après être arrivée, pour remplacer les taxis qui sont, même avec leurs prix extrêmement bas, un peu trop cher à prendre matin et soir. Cristina Baguenier m'avait prudemment recommandé d'attendre de savoir parler un minimum le portugais pour emprunter ce transport en commun plutôt hors du commun, comme vous allez pouvoir le constater! Tout d'abord, la première chose à savoir, c'est que dans la plupart des bus, on monte à l'arrière. Là on passe un petit tourniquet rouge assez étroit pour que la moitié des gens qui essayent de le passer restent coincés dedans, et on paye les 1.40 R$ au contrôleur assis en face et qui n'a pour rôle que de récupérer l'argent des passagers (il faut dire qu'il y a beaucoup de chomâge à Rio et les gens sont payés une misère, ce qui permet de multiplier les mini-jobs). Donc après m'être débattue dans le tourniquet rouge pendant une bonne minute, après avoir compris qu'il fallait que je lève mon sac à main au dessus du tourniquet pour décoincer celui-ci, après avoir failli me casser la figure lorsque le chauffeur a redémarré avec vigueur (il faut dire que je porte des talons fins maintenant!!! et oui!!), après avoir réussi à compter les sous pour le contrôleur et après qu'il m'ait baragouiné un inaudible "tá bem", j'ai enfin pu m'asseoir, et j'ai alors découvert les bus-rallye de Rio! Le Bus-Rallye Autant en France prendre le bus c'est plus ennuyeux qu'autre chose : c'est moins rapide que la voiture, rien ne s'y passe, on passe son temps à regarder à travers les gens ou par la fenêtre, autant ici l'avantage par rapport à tout ça, c'est que ça bouge! En effet les bus cariocas sont des espèces de monstres avec un moteur de 2CV lancé à 8000 tours/minute, et qui font des 200 mètres en accélération saccadée et continue, avec un "pilage" pied au plancher en fin de parcours pour s'arrêter à temps à l'arrêt suivant. Autant vous dire que j'étais assez émerveillée de découvrir que les brésiliens n'ont pas besoin d'aller à Eurodisney pour se faire secouer dans le space-mountain, ici le spectacle se trouve dans les bus de la ville. Cela fait plus d'un mois maintenant que je prends le bus presque tous les matins et tous les soirs, et à chaque fois je ressens le même émerveillement. Je vais essayer d'ordonner mes impressions. Je pense que la première chose frappante après le fait d'être secoué dans les bus cariocas, c'est l'impression de vitesse qu'ils donnent, impression renforcée par le bruit étourdissant du moteur et des freins. N'essayez même pas d'imaginer, ça n'a rien à voir avec les bus français, anglais, espagnols ou américains. Pour vous donner une idée du niveau sonore, dites vous que ce soir ça fait une heure que je suis rentrée, et j'ai encore mal à la tête du vacarme du bus que j'ai emprunté (il faut dire celui-là était assez féroce). Vous pouvez aussi vous dire que nous avons un appartement situé au 6ème étage d'un immeuble au pied d'une avenue, et que toutes fenêtres fermées je suis obligée de dormir avec des boules Quiès pour éviter d'être réveillée toutes les 30 secondes par les bus qui s'arrêtent à l'arrêt en bas de chez nous. Le Bus-Bulldozer Donc le niveau sonore, disais-je, et l'impression de vitesse. Moi je pense personnellement que les chauffeurs doivent avoir reçu l'ordre d'aller le plus vite possible, et de freiner que si vraiment ils y sont obligés. Résultat: la conduite des chauffeurs de bus est encore plus aggressive que celle des taxis, et comme sur les routes du Brésil c'est la loi du plus gros, tout individu non localisé à l'intérieur d'un bus a intérêt à faire gaffe à ses fesses! Bon une bonne chose déjà, c'est que contrairement aux taxis, les bus ne brulent pas les feux rouges. Par contre, ils se battent entre eux; ma théorie est la suivante. Etant donné que les bus sont un service privé et non public, et qu'il y a au moins 10 compagnies de bus à Rio (je n'ai jamais réussi à savoir le nombre exact, apparemment c'est un mystère pour tout le monde), et que ces 10 compagnies se partagent absolument les mêmes rues et les mêmes trajets, ce qui représente pour chaque direction environ un bus toutes les 30 secondes (je n'ai jamais attendu le bus plus d'une minute), c'est la guerre à celui qui arrive le premier à l'arrêt de bus et qui raffle toute la clientèle!!! Résultat, les bus se doublent et se redoublent, font des accélerations de tarés, et les chauffeurs acquièrent, je dois dire, une expérience digne d'un champion de rallye! Ici n'essayez pas - ne pensez même pas - de passer à pied entre 2 bus, car il n'y a pas la place: les bus se déplacent au touche-touche, à 5 cm maximum les uns des autres, aussi bien lattéralement que longitudinalement. Etant donné la situation, pour faciliter la circulation dans Rio les rues ont été amménagées: la plupart sont en sens unique, avec 2 voies à droite réservées aux bus et à leurs péripéties, et 2 voies à gauche réservées aux autres chaufards, les voitures, taxis, motos et vélos. Seulement comme je vous l'ai dit, la densité des bus est très très forte, et parfois pour doubler leur collègue, les chauffeurs de bus empruntent la voie de droite des voitures, et personne n'ose leur contester ce droit. Une situation cocace à Rio est lorsque nous piétons nous trouvons devant un passage clouté à la fin du feu vert (personne ne se risquerait de traverser alors que le feu vient de passer au rouge), et que dans la rue les véhicules attendent le feu vert pour eux (dans quelques secondes). Imaginez un mur de bus vivants, faisant rugir leur moteur des années 70 pour savoir lequel des 3 alignés en première place et des 10 autres qui attendent derrière va arriver en premier à l'arrêt suivant.... Le Bus-Sourire La morale de l'histoire, c'est que malgré tout, la chauffeurs de bus sont des brésiliens, et comme tous les brésiliens, ce sont des gens adorables et qui adorent rendre service. Plusieurs fois en rentrant de nuit (ici il fait nuit à 5h) je n'étais pas sûre de l'endroit où je devais descendre, età chaque fois le chauffeur a pris le temps de parler avec moi (c'est-à-dire d'essayer de comprendre mon portugnol à 2 balles pour savoir où j'allais), et de s'arrêter au milieu de la route pour me laisser exactement en face de chez moi. Ce soir, le bus que je voulais prendre ne m'a pas vu et m'a fermé les portes aux nez. Le contrôleur m'apercevant frapper à la porte alors que le chauffeur reprenait sa course folle, il fait un signe, et la alors que je m'étais déjà résolue à prendre le bus suivant (au moins une minute d'attente), je vois mon bus déjà 30 mètres plus loin mettre son clignotant, laisser passer le concurrent qui était derrière lui, s'arrêter le long du trottoir, m'attendre (le temps que je comprenne que c'était pour moi), ouvrir ses portes, et alors que je montais, le chauffeur me regardait dans le rétro et me fait un grand sourire et un signe de la main en guise d'excuses. Vous avez déjà vu ça en France vous? |