Mes Carnets

Cinquième anniversaire des attentats sur le World Trade Center, mais aussi jour de rentrée pour moi. Je reprends aujourd’hui les couloirs du métro pour aller au boulot. Mais aujourd’hui, je marche moins vite que les gens, je me sens décalée, moins stressée qu’eux. Est-ce parce-que je rentre de vacances? Qu’est-ce qui fait que ces gens sont tellement stressés?

Ce matin la radio m’a réveillée comme prévu vers 6h55. France Inter. Information sur le trafic routier : à 6h55 ce lundi 11 septembre, déjà 2 accidents en France. Pas de morts mais plusieurs kilomètres de bouchons et d’énervement. 6h57. Météo : “Aujourd’hui c’est encore l’été”, les températures sont supérieures à la moyenne. 30°C à Paris. Moi, pauvre naïve, tout de suite je pense au problème du réchauffement climatique… et plus concrètement au métro bondé et étouffant de ce soir. 7h00. L’actualité. Aujourd’hui c’est le cinquième anniversaire des attentats sur le World Trade Center. Est-ce qu’on pense que ça pourrait arriver à nouveau? Ici en France? Oui répond un pompier. Guerre entre Israel et le Hezbollah : La France envoie 900 soldats. Voilà qui a de quoi nous réjouir dès le matin. Sur une échelle de 1 à 10, mon stress en est déjà à 3…

8h40. Nous quittons l’appartement. Mon stress est encore monté d’un cran à l’idée que j’étais déjà en retard (j’ai dû m’épiler en quatrième vitesse pour pouvoir mettre un pantacourt, et en plus l’étendoir s’est cassé, grrrr). A l’entrée du métro, les gens marchent vite, courent, tapent des talons, clac clac clac clac…

On monte dans le wagon. Ouf! Il reste deux places assises. Les autres s’entassent. Le but du jeu est de ne pas se regarder. Alors on regarde les pieds ou le plafond, car dans les tunnels les vitres font miroir. Un voisin lit Le Monde : embargo maritime blablabla… En face de moi une jeune fille a de jolies chaussures. Mais il ne faut pas que je la regarde de trop, elle se sent déjà gênée. “On ne regarde pas les gens!”. Ou alors on se toise sans sourire. C’est vrai ça, il est très rare de voir quelqu’un sourire dans le métro. Sinon on se dit “mais pourquoi sourit-elle? J’ai fait quelque chose de drôle? Je suis mal habillée?…” Ca augmente le stress!! Non franchement ça ne se fait pas d’être heureux dans le métro.

Les gens s’entassent. Dois-je me lever de mon strapontin pour leur faire plus de place? Pas envie. Ils ne sont pas encore assez serrés. La personne sur le strapontin d’en face a l’air de penser la même chose. Mais mon stress monte.

Opéra. J’embrasse mon chéri et je descends. Les gens courent presque à ma droite et à ma gauche. Je résiste à l’envie de les imiter, de me fondre dans le flot. Je refuse de courir le premier jour!!

Je monte dans le RER A, direction Maisons-Laffitte. Les gens se précipitent sur les sièges libres. Cette fois-ci il n’y en a plus pour moi, je dois prendre mon mal en patience jusqu’à l’arrêt suivant. Gentiment un monsieur me laisse m’asseoir alors qu’il était plus près que moi du siège. Ahhhhhhhhh…. un peu de civilité dans ce monde de barbares!

Plongée dans mes pensées, appliquée à écrire ce que vous êtes en train de lire, Maisons-Laffitte arrive vite. Ca y’est, suis arrivée, il est 9h25. Mon stress est à 4.

Au bureau, à peine arrivée, tout me tombe dessus d’un seul coup. En l’espace d’une heure, j’ai dû voir la moitié de mes collègues (c’est-à-dire une dizaine), qui pour me parler de mes vacances, qui pour me reporter un problème informatique (oh non pas déjà !…), qui pour me tenir au courant et me remettre au plus vite dans le bain de mon boulot après ces trois semaines de vacances.

A midi j’ai cru que j’allais craquer. J’avais déjà envie de m’enfuir en courant. Bertrand mérite la palme d’or en ayant réussi, en trois heures à peine, à faire monter mon stress à 8 (en sa présence, et à 7 sinon). Heureusement mes collègues me connaissent et m’ont donné du chocolat pour me calmer. Ca marche à tous les coups!

L’après-midi, heureusement, a été plus calme et mon stress est redescendu graduellement à 6, puis à 5. Mais j’ai quand même une boule dans le ventre. Je vous parie que demain je marcherai aussi vite que les autres métrotteurs…