Mes Carnets

Notre histoire de fourmis s’est corsée le lendemain matin, lorsque nous nous sommes levés et que nous avons remarqué que les fourmis, si elles n’étaient effectivement plus sur le mur au-dessus de nos têtes, avaient élu domicile dans notre salon, dans le bureau, dans le petit passage entre notre chambre et le salon, et à l’entrée de notre chambre. A cette vue, Pete (qui finalement n’aime pas trop les fourmis) empoigna l’aspirateur et commença à nettoyer de fond en comble l’appart, “pour enlever les miettes et les petits morceaux de nourriture qui pourraient les attirer”. Accessoirement, quelques fourmis y passèrent aussi.

Cette séance d’aspirateur a eu du bon : ça nous a permis de découvrir que nous n’étions pas les seuls à partager l’appartement avec nos amies les petites fourmis. D’abord l’agitation de l’appartement a apparemment dérangé notre ami le scutigère (que j’avais déjà remarqué quelques jours auparavant alors qu’il se cachait sous mon sac de terreau) qui est parti se cacher rapidement sous la plinthe, laissant échapper à Pete un grand cri de surprise : “What the hell was THAT???” Puis en poussant le canapé pour bien nettoyer en dessous (c’est souvent là que les restes de chips se cachent) nous avons découvert que les fourmis n’étaient pas seules ! Elles étaient venues avec leurs mâles ailés, ou plutôt leurs futures reines ailées vu la taille de celles-ci. Là vous avez l’impression que je bluffe, mais il n’en est rien, c’est encore Google qui m’a sauvée de l’ignorance en m’apprenant le mode d’organisation des fourmis :

“Au printemps, par temps chaud ou orageux, le dôme s’agite et on assiste au départ des mâles et femelles ailés.On les retrouve en grande concentration dans une prairie (loin du dôme afin d’éviter la consanguinité) qui reste la même chaque année.Pendant que les femelles planent, elles sont fécondées par les mâles qui meurent immédiatement après. Il faut savoir que sur mille femelles, seulement deux ou trois créeront une société.” (http://membres.lycos.fr/dmouli)

“On distingue les différentes sortes de fourmis essentiellement par leur taille (les reines et les mâles sont les plus gros) et par la présence et l’absence d’ailes (seuls les mâles et les reines en possèdent, la reine les perd après le vol nuptial. [...]). Une fois fécondées, les futures reines garderont les semences des mâles toute leur vie. Elles vont immédiatement se mettre à la recherche d’un habitat pour fonder une société. Dès qu’elles trouvent un lieu favorable, elles détachent leurs ailes qui sont devenues inutiles pour les manger, ce qui procure une source d’énergie nécessaire à la ponte pour la future reine. Pour se procurer de l’énergie, elles mangeront également leurs premiers oeufs. Elles commencent ensuite à creuser une chambre souterraine dans laquelle elles se tapissent.” (http://membres.lycos.fr/dmouli)

Alors avec tout ça je m’instruis, mais ça ne m’explique pas pourquoi je retrouve chez MOI des fourmis ailées. Le plus inquiétant c’est que maintenant je sais que si les petites ouvrières semblent inoffensives, les grosses ailées sont celles qui possèdent le pouvoir de développer des colonies de milliers de d’individus! Et je suis d’autant plus inquiète que nous avons de bonnes surprises toute la journée : nous avons trouvé ces fourmis ailées un peu partout dans la maison, dans une tasse de café, par terre, sous une assiette etc… Le coup de grâce a été lorsque je suis allée dans la salle de bain pour prendre une douche et que j’en ai vu 2 sur la bordure de la baignoire. Jusqu’alors nous n’en avions pas vu ni dans la cuisine ni dans la salle de bain. Un peu secouée par cette invasion, je me décide à abandonner la canelle et mes bonnes intentions et m’apprête à prendre le pommeau de douche pour noyer les imprudentes (oui je sais c’est horrible mais je voyais pas quoi faire d’autre). Et là : RHAA! Sur le robinet, exactement sur la partie que j’étais prête à prendre en main pour déclencher l’eau, 4 ou 5 énormes bestioles, les mêmes, agglutinées les unes contre les autres… Elles sont vraiment partout et c’est bien trop pour moi. J’appelle Pete (vive les hommes qui font le sale travail) et alors qu’il s’apprête, après bien 5 minutes d’hésitation et la mort dans l’âme, a commettre un crime affreux, je remarque qu’en fait les fourmis viennent du haut de la fenêtre, au niveau de la bouche d’aération. Il y en a plus d’une dizaine perchées au-dessus de la fenêtre. L’instinct de survie surpassant nos scrupules écologiques, d’un commun accord, Pete supprime les bestioles qui sont sur le robinet, puis empoigne le pommeau de douche et “karchérise” les pauvres bestioles perchées…

Morale de l’histoire :

1. L’homme (et la femme!) a peur de ce qu’il ne comprend pas.
2. La peur des petites bestioles nous pousse à passer l’aspirateur spontanément, transformant ce qui est normalement une corvée en un évènement naturel et réconfortant.
3. Trois ans à Paris et ça y’est, on ne sait plus vivre avec la nature… quelle débauche!

Sinon sans rire : les pauvres fourmis ailées ne volaient pas (enfin si, j’en ai vu une tenter une évasion par les airs quand Pete lui a mis la douche dessus) et paraissaient assez léthargiques : étaient-elles en train de mourir après le vol nuptial, n’ayant pas été fécondées? Ou bien attendait-elles le vol nuptial? Mystère. En tout cas la majorité des ouvrières a disparu, même s’il en reste encore quelques-unes dans le salon qui continuent leur va-et-vient. Rien à signaler de nouveau dans la salle de bain, le haut de la fenêtre reste immobile. Moi mon imagination me joue des tours, car j’ai continuellement l’impression d’avoir une bestiole qui me monte le long des jambes ou sur le bras etc. En tous cas je reste prudente sur la conclusion de notre week-end myrmécologiste, j’ai beaucoup appris, certes, mais je m’attends à voir réapparaître des hordes de fourmis chez nous à tout moment ! Et à ce sujet, je viens de lire que pour les chasser, il suffirait tout simplement de… leur parler !! Voilà qui me donnera de quoi écrire un nouveau post…